Language: French
A study on the water quality of water courses in Luxembourg in light of suitability as otter habitat.
Summary in French:
La méthode d'évaluation des habitats au Luxembourg nous a permis d'avoir une vision globale de la qualité de nos cours d'eau. A la lumière de cette analyse, il ressort clairement que les paramètres suivants jouent un rôle prépondérant dans la dégradation de la qualité de nos rivières susceptibles d'héberger la loutre, à savoir:
– la présence de PCBs dans les poissons dont les concentrations confirment les résultats obtenus dans d'autres pays avec les risques conséquents pour la survie des populations de loutre d'Europe;
– les pollutions permanentes qui empêchent le développement de la faune piscicole ou la limitent très fortement (AIzette, Chiers);
– les pollutions accidentelles qui induisent des pertes en biomasse piscicole (Blees, Eisch, Syre, Wark, Wiltz, Haute-Sûre);
– le manque d'abris liés aux aménagements et aux pâturages sans clôture;
– le tourisme de masse, les routes et les obstacles dans une moindre mesure.
Tous ces facteurs ont réduit fortement les possibilités d'habitats encore favorables à la loutre. Trois sites seulement ont le statut d'habitat potentiel à risques: l'Our supérieure, la Haute-Sûre et l'Eisch. Bien que l'Eisch soit également un habitat potentiel à risques, les possibilités d'alimentation y sont, cependant, plus restreintes et dès lors moins favorables à la loutre. L'Our supérieure et la Haute-Sûre sont, par conséquent, les milieux les plus aptes à l'accueillir. Constatons aussi que les résultats obtenus par l'application de la méthode sont assez bien corrélés avec la présence de la loutre observée ces dernières années.
Les 5 habitats marginaux à risques que sont l'Attert, la Clerve. la Marner, la Syre et la Wiltz pourraient avoir une meilleure qualité d'habitat à condition que certains aménagements y soient réalisés. L'Attert, la Clerve, la Syre et la Wiltz deviendraient ainsi des habitats potentiels à risques.
D'autres habitats défavorables comme la Blees, l'Ernz blanche, l'Our en aval de Vianden, la Marner et la Wark pourraient devenir des habitats marginaux à risques. Par contre, la Sûre frontalière et moyenne posent d'énormes problèmes, les facteurs défavorables étant trop importants (routes, campings....). Des rivières comme la Chiers et l'AIzette regroupent tous les facteurs défavorables à la loutre (pollutions permanentes, industries, routes,...).
En ce qui concerne la pollution, il existe manifestement encore trop de points noirs défavorables au développement normal des biomasses de poissons. Cependant, on peut espérer une nette amélioration vu le nombre de stations d'épuration qui deviendront fonctionnelles durant les 5 prochaines années (26 projets de nouvelles stations d'épuration et rénovations). Néanmoins, le nombre de pollutions accidentelles reste élevé (19 en 1993).
La situation des micropolluants dans les poissons est alarmante surtout pour les PCBs et dans une moindre mesure pour le cadmium. Ces concentrations sont considérées la plupart du temps comme dangereuses pour la loutre. Les anguilles sont les plus contaminées de même que les poissons de grande taille. Ce constat est, toutefois, relativement favorable à la loutre puisqu'elle se nourrit, en général, de petits poissons et capture fort probablement peu d'anguilles vu la faible biomasse de cette espèce dans nos cours d'eau. Remarquons également que l'Our supérieure (Stoizembourg), la Haute-Sûre (Boulaide), l'Attert (Colmar-Berg), l'Eisch (Marienthal) sont parmi les stations les moins contaminées et par conséquent les moins défavorables à la loutre. Toutefois, le seuil de 0,05 mg de PCBs/kg de poids frais est soit limite soit dépassé. Un suivi de leur évolution nous paraît donc indispensable afin de pouvoir prendre des mesures appropriées (renforcement des populations de loutre une fois les taux de PCBs redescendus, adaptation des normes de consommation de poissons pour l'homme en fonction de l'évolution des concentrations en PCBs).