Language: French
A necessary update of Stempffer’s revision published almost 60 years ago. Seven new species are described, together with 3 new subspecies.
Summary in French:
Au moment de sa création, en 1819, le genre Aphnaeus ne comporte qu’une espèce, A. orcas, décrit en 1782. Il faut attendre près d’un siècle pour que soit décrite une deuxième espèce, A. asterius Plötz, 1880 (d’emblée correctement placée par son auteur). Découvertes et descriptions vont ensuite se multiplier, et le genre compte quatre espèces en 1900 et douze – dont dix sont valides – dans le travail d’Aurivillius (1923).
Stempffer, qui a porté une attention particulière aux Aphnaeus (il a décrit dix taxons, dont neuf sont encore valides), a révisé le genre en 1954 ; il recense alors 21 taxons (15 espèces et 6 sous-espèces). Ce nombre est passé à 28 dans sa liste de 1967 (en incluant Paraphnaeus hutchinsonii) ; cinq espèces seront encore décrites entre 1967 et 1996, date à laquelle une monographie du genre était annoncée par Bouyer (1996 : 25). Depuis, Steve Collins et l’équipe de l’A.B.R.I. ont accumulé une importante quantité de matériel, dont plusieurs espèces non encore décrites. Dès 2008 la description d’A. marci était publiée, mais une étude plus complète du genre était nécessaire. C’est alors que cette révision touchait à son terme qu’ont eu lieu les stupéfiantes découvertes de deux espèces nouvelles dans les monts Nimba par Sz. Sàfiàn ; leurs descriptions viennent d’être publiées (Sáfián et al., 2013).
Sept nouvelles espèces sont décrites ici, dont deux en collaboration avec Steve Collins, ainsi que trois nouvelles sous-espèces. Au terme de cette révision, le genre totalise 44 taxons (35 espèces et 9 sous-espèces).
Le genre Aphnaeus fait partie de la tribu des Aphnaeini ; comme la plupart des genres de la tribu, c’est un genre strictement africain (seul le genre Spindasis Wallengren est représenté dans la région orientale). Il me semble toutefois qu’il serait souhaitable de réexaminer la position de vixinga Hewitson, 1875, actuellement rangé dans le genre Spindasis.
Les genres africains de la tribu des Aphnaeini ont été révisés par Heath (1997 : 26) ; ce travail est écarté d’un impudent revers de main par d’Abrera (2009 : 698), qui ne rate jamais une occasion de développer son insupportable credo créationniste. Heath mentionne plusieurs caractères des Aphnaeus ; l’examen d’un plus grand nombre d’espèces permet de préciser ou d’approfondir certains points, comme les genitalia mâles.
La première partie de la présente révision est consacrée à l’examen des caractères génériques ; plusieurs caractères non mentionnés par Heath, notamment les genitalia femelles, y sont examinés. Cette étude, essentiellement morphologique, montre l’homogénéité de trois ensembles, les groupes d’A. asterius et d’A. erikssoni, et, dans une moindre mesure, d’A. orcas. Les groupes d’A. brahami, d’A. jacksoni et d’A. jefferyi sont aussi reconnus, mais aucun caractère autre que l’habitus, et notamment le patron du verso, ne permet de les justifier (voir la composition des groupes).
Aucun caractère ne permet non plus de justifier l’existence du genre Paraphnaeus Thierry-Mieg, créé pour le seul hutchinsonii ; il n’y a pas davantage de raison de le considérer comme un sous-genre d’Aphnaeus, et Paraphnaeus est un synonyme d’Aphnaeus. Avec A. zanzibarensis et A. suk n. sp., A. hutchinsonii forme le groupe d’A. hutchinsonii. Enfin, aucun caractère ou combinaison de caractères ne permet de préciser les relations entre ces groupes d’espèces. Pour la première fois, j’ai eu la possibilité de faire séquencer l’ADN de plusieurs espèces ; les résultats, présentés à la fin de la première partie, confortent largement ceux que fournit l’étude morphologique, sauf pour le groupe d’A. hutchinsonii ; quelques sous-espèces supplémentaires ont aussi été mises en évidence grâce à cette technique. Cette étude montre aussi qu’il y a quatre lignées au sein du genre Aphnaeus, les clades orcas, asterius, brahami et hutchinsonii, mais elle ne permet pas de préciser les relations entre ces lignées. Le clade hutchinsonii comprend les groupes d’A. hutchinsonii et d’A. erikssoni, dont la proximité ne ressort pas de l’étude morphologique.
Dans la deuxième partie, les trente-cinq espèces sont passées en revue ; espèces et sous-espèces sont illustrées dans treize planches couleurs. La répartition de tous les taxons est illustrée par dix-huit cartes ; à la fin de la révision, ces informations sont récapitulées dans une liste des taxons par pays.
La troisième partie traite de la biogéographie des Aphnaeus. Cette étude est basée sur la définition de zones géographiques, comme dans le cas des Deudorix ou des Anthene africains. Elle montre un endémisme particulièrement élevé dans le bloc forestier central.